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Il y a cent ans, le cotre sardinier, un concept innovant

Le Marche-Avec, cotre sardinier, est la réplique d’un voilier de travail qui, au début du XXème siècle, a représenté une évolution remarquable par rapport aux chaloupes traditionnelles. Si la finalité était toujours de pêcher la sardine au filet droit, le cotre et ses annexes changeaient la donne : sur un cotre, plus besoin de ranger le mât à plat une fois arrivé sur les lieux de pêche, plus besoin de manœuvrer un bateau lourd à l’aviron pour disposer le filet, tout se fera à partir d’une ou deux annexes légères et évolutives. Et si le vent tombe, c’est sur des annexes légères que l’on pourra revenir au port à l’aviron avec le produit de la pêche, pas sur une chaloupe de plusieurs tonnes, si lourde et lente à faire avancer à la force des bras.


Le cotre sardinier : un bateau de pêche qui ne pêchait pas[i].


« C’est en 1905 que les annexes firent leur apparition sur les côtes de Bretagne. Espérait-on obtenir ainsi de meilleurs résultats ? C’étaient de grands canots, dont certains atteignaient six mètres à l’époque et même, plus tard, huit et dix mètres, et que le sardinier prenait en remorque jusque sur les bancs. La technique de pêche elle-même ne se trouvait guère modifiée par cette innovation dont le principe, au demeurant, était fort simple. Dans cette nouvelle organisation, le rôle du sardinier se limitait à transporter les hommes et les engins sur les lieux de pêche, et les prises pour les ramener au port. C’était à partir des annexes, moins lourdes et plus facilement manœuvrables, que l’on pêchait.

Le principe, (…) présentait d’incontestables avantages (…).

Avec la mise en service d’annexes, on ne demandait plus aux sardiniers les mêmes qualités. On pouvait donc mettre à contribution, pour ce rôle de transport sur les lieux de pêche, un navire éventuellement destiné à d’autres activités ; (…) ce n’aurait pas été le cas des chaloupes (…) dont la structure, le gréement et l’armement étaient bien trop spécifiques.


[i] Extraits du livre d’Hervé Gloux et Jean-Yves Manac’h « Les bateaux de pêche de Bretagne, histoire et technique » - Fayard – 1976 – pages 115 et suivantes

[endif]--En adoptant le cotre pour ce genre de travail, on gagnait en sécurité. (…) Le gréement du cotre était, en effet, bien plus évolué que celui de la chaloupe. Le mât était haubanné et n’avait pratiquement pas de quête. La voilure était identique à celle du cotre langoustier et composée d’un foc (…), d’une trinquette, d’une grand-voile et d’un flèche. Ainsi gréé, c’était un bateau qui remontait bien au vent, qualité très utile en ces temps où l’on hésitait beaucoup à adopter le moteur, et qui en faisait un bateau particulièrement adapté à son nouveau « métier ».

(…) Toujours est –il que l’on vit apparaitre les premiers grands cotres construits spécialement pour cette activité en 1920 et 1925 (…). Pensait-on que l’on devrait bientôt aller chercher la sardine de plus en plus loin, comme on avait dû le faire pour la langouste ? (…)

Ces bateaux quittaient le port en pleine nuit : il convenait d’arriver sur les lieux de pêche avant le lever du soleil. Pendant le voyage, l’annexe était, ou bien remorquée, ou bien transportée sur le pont, selon sa taille et selon le temps qu’il faisait. Une concentration inhabituelle d’oiseaux de mer signalait bientôt que l’on arrivait là où se trouvait la sardine. On abattait alors la voilure. Deux hommes restaient à bord du sardinier. Les cinq autres – il y avait généralement sept hommes à bord – prenaient place dans l’annexe, qui débordait bientôt du bateau. Deux d’entre eux étaient chargés, à l’avant, de nager à l’aviron ; les deux autres devaient s’occuper du filet – un filet droit – pour le mettre à l’eau puis le virer ; à l’arrière, le patron appâtait pour faire « lever » la sardine. Il se réservait ce poste, le seul qui exigeât réellement de l’expérience et du flair.

(…) Les deux hommes restés à bord du cotre, eux ne pêchaient pas. Leur rôle consistait à s’occuper de leur annexe. Ils la ravitaillaient, apportant à leurs camarades le baquet de rogue ou le filet de 60 dont ils avaient besoin, les encourageant ou les renseignant sur la pêche des autres sardiniers présents dans le secteur.

La pêche terminée, restait à en ramener le produit vers la criée, le plus rapidement possible pour qu’il fût vendu au meilleur prix. C’est surtout pour cette dernière mission que le cotre, rapide même au plus près, allait s’avérer, à l’expérience, un outil bien plus précieux que la chaloupe (…).

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